Revue de presse du 9 mars.

Dans la presse égyptienne ces derniers jours :

– Le Président Sissi a procédé jeudi à un remaniement ministériel et a en particulier démis de ses fonctions le ministre de l’intérieur Mohammed Ibrahim. Il a été remplacé par Magdy Abdel-Ghafar, un général issu des services de police, et nommé à la place au poste de conseiller du premier ministre pour les affaires de sécurité (un poste traditionnellement attribué aux responsables de haut niveau déchus de leurs fonctions). Les journaux n’ont au départ pas donné de raison particulière à ce changement, mais le ministre de l’intérieur faisait face à des critiques grandissantes liées d’une part à son incapacité à empêcher la multiplication d’attentats sur le territoire et d’autre part à la répression menée par les forces de police, en particulier contre la jeunesse révolutionnaire. Ces critiques avaient été très vives en janvier dernier lors de l’assassinat par les forces de police de la militante Shayma el-Sabbagh. La presse s’est de ce fait interrogée sur le timing de cette décision, sans y apporter de réponse précise. Le remaniement a touché aussi les ministres de l’agriculture, de la culture, du tourisme, de l’éducation, du logement et des télécommunications, et un Ministère de la formation professionnelle a été créé.– Le nouveau Ministre de l’Intérieur a annoncé la mise en œuvre d’un grand plan national de sécurité impliquant l’armée et les forces de police en prévision du sommet économique de Sharm el-Sheikh (13 et 14 mars). Cette semaine, plusieurs attentats visant des compagnies étrangère (KFC, Carrefour) ont eu lieu dans le pays, suscitant l’inquiétude des experts de sécurité et des diplomates étrangers.

– Le Président Sissi a inauguré aujourd’hui 19 projets réalisés par les forces armées, principalement des ponts, des tunnels et des routes. L’armée est la principale entreprise de construction d’infrastructures routières du pays.

– Nouveau procès des journalistes d’al-Jazeera : pour la deuxième fois de suite, les membres des forces de sécurité qui devaient être entendus comme témoins dans le cadre du procès ne se sont pas présentés au tribunal, déclenchant la colère du juge et des accusés. Les deux journalistes Mohammed Fahmy et Baher Mohammed ont été libérés sous caution en janvier dernier après l’annulation en appel du verdict de leur premier procès. Leur co-accusé Peter Greste a été autorisé à rentrer en Australie.

– L’activiste pro-Frères Mohamed Soltan, prisonnier en grève de la faim depuis plus d’un an et accusé dans l’affaire de « la chambre des opérations de Raba’ el Adaweya » a déclaré au journal El-Shorouk avoir été torturé en détention. Son avocate a elle déclaré que des responsables lui auraient dit « si tu veux ta liberté, abandonne ta nationalité égyptienne » (Soltan est aussi américain), ce qu’il a catégoriquement refusé.

– Un écolier du Caire est décédé après avoir été frappé par son professeur car il n’avait pas fait ses devoirs. Le Ministre de l’éducation nationale a indiqué qu’une enquête a été ouverte et que le professeur a été suspendu. Ce dernier aurait déclaré qu’il n’avait pas l’intention de tuer l’enfant, et qu’il l’avait frappé pour lui apprendre la discipline. En décembre l’année dernière, le Conseil national pour l’enfance et la maternité a constaté une augmentation de 55% des attaques contre les enfants entre janvier et octobre comparé à la moyenne des trois années précédentes.

– Pour la première fois, un des partisans des Frères musulmans condamné à la peine de mort a été exécuté samedi. Pour plus de détails sur le sujet, voir cet article du NYT. Le journal El-Watan indique que le Mouvement de la punition révolutionnaire a mis en œuvre une série d’opérations terroristes pour protester contre l’exécution dans le gouvernorat du Fayyoum (attaques sur des voitures de police).

En bonus, un article (en anglais) sur l’augmentation des mesures de surveillance en Égypte depuis la révolution : https://firstlook.org/theintercept/2015/03/09/arab-spring-surveillance-egypt-intensifies/

Laisser un commentaire